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Ecriture inclusive : pourquoi c(e n)’est (pas) si important

« Devant cette aberration ‘inclusive’, la langue française se trouve désormais en péril mortel, ce dont notre nation est dès aujourd’hui comptable devant les générations futures » - Déclaration de l’Académie française en octobre 2017.


Le masculin l'emporte sur le féminin

A l'école, nous avons appris cette règle de grammaire et nous l'avons récité, sans nous poser de questions. Le masculin l’emporte sur le féminin. De là, "on" considère que le masculin a valeur de neutre.


Une offre d'emploi rédigée au masculin est chose commune. Si elle est rédigée au féminin, elle "exclut" les hommes.


Or, le français n’a pas de genre neutre. Il a deux genres grammaticaux, appelés masculin et féminin. Les noms appartiennent à l’un ou l’autre et entraînent l’accord des déterminants, adjectifs et participes passés.


Certains noms humains sont invariables en genre – ce que l’on appelle aussi des mots épicènes – comme une personne ou un bébé, mais le plus souvent les noms humains vont par paires et le genre grammatical correspond au genre social.


Le genre masculin, un genre noble ?

A partir du moment où l’on interprète un nom humain masculin comme référant à un homme, on comprend l’existence de noms féminins pour des professions exercées par les deux sexes.


Pourtant, si une vendeuse ou une réceptionniste sont des termes parfaitement acceptés socialement, il en va autrement pour une générale ou une chirurgienne.

Serait-ce parce que ces métiers sont considérés comme plus prestigieux et que les féminiser reviendrait à les avilir ? Le refus de féminiser certaines fonctions, relèverait-il davantage d'un caractère idéologique que grammatical ?


💡 Dans la "langue de Molière", la vraie, celle du XVIIe siècle, les noms de métier étaient féminisés, on parlait d’autrices, de médecines et de professeuses. Ces usages se sont perdus notamment avec la création de l’Académie française en 1694.


Dans les cahiers préparatoires du tout premier dictionnaire de l'Académie Française, on peut lire : "L'orthographe servira à distinguer les gens de lettres des ignorants et des simples femmes".


S’en suivent un certain nombre de réformes de l’orthographe, notamment la fameuse règle "le masculin l'emporte sur le féminin" – que Vaugelas justifie en arguant que le genre masculin est "le plus noble".


De là, "il faut dire 100 femmes et un chien étaient contents de leur balade"*.


💡 Pourtant, pour les linguistes, l’accord dit de proximité est toujours possible pour les adjectifs qui suivent une série de noms (des chants et danses bretonnes) et qu’il est même obligatoire avant le nom (certaines régions et départements).


La langue, une vision du monde

Si Célia se dit "co-fondateur" mais qu’Alexandre se dit "hôtesse d'accueil", un cas nous choque plus que l'autre. Le masculin aurait-il plus de valeur que le féminin ?


Un chauffeur = une personne Une chauffeuse = un objet


Un jardinier = une personne Une jardinière = un objet


Un chevalier = une personne Une chevalière = un objet


La langue française serait en "péril" face à l’expansion du féminin (qu’on appelle même parfois "la féminisation de la langue française") ? Le risque est grand en effet mais pas pour le français qui va très bien merci**, pour la société toute entière. Il se pourrait bien qu'en renonçant à ce "neutre" masculin, en rendant plus visibles les femmes dans la langue, on les voit davantage dans la vie publique et professionnelle...


💡 Et si, au lieu de parler de féminisation de la langue française, on parlait de démasculinisation ?



*Sea, sexisme and sun - Marine Spaak, First 2019 **Le français va très bien, merci - Les linguistes atterrées, Tracts Gallimard 2023

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